Un État mandarinal

Un État mandarinal

Contrairement aux apparences, la France d’aujourd’hui a un certain nombre de points communs avec l’empire chinois d’autrefois.

Au sommet trônait à Pékin l’empereur, fils du ciel, devant lequel s’inclinait l’immense légion des mandarins, les grands, les moyens et les petits, qui tous avaient réussi les concours de la fonction publique impériale et régentaient tout. En France, au sommet se trouve le Chef de l’État, notre empereur, omniprésent, omniscient et infaillible, devant lequel s’incline l’immense légion des mandarins, les grands, les moyens et les petits qui, tous, ont réussi l’un des concours de la fonction publique républicaine. Il y a tout de même entre les deux gigantesques fonctions publiques quelques différences : les mandarins chinois portaient une robe chamarrée avec sur la poitrine l’insigne brodé de leur corps et de leur grade. Par exemple, une sorte de cigogne pour le grand mandarin, chef de la maison impériale. Nos mandarins sont, eux, en complet-veston, ce qui, hélas, est beaucoup moins seyant.

Il faut noter aussi que les femmes n’étaient pas admises dans le mandarinat chinois, alors qu’elles sont très sollicitées dans le mandarinat français où l’on semble considérer que la valeur d’un être humain est de nature sexuelle. En Chine, les femmes servaient souvent de concubines – l’empereur en avait beaucoup – en France, non. Encore que…

Ces comparaisons étant faites, découvrons comment se présente en réalité le mandarinat français. Le Président de la République dispose à l’Élysée de 1 031 collaborateurs et serviteurs. Au temps du président Coty en 1958, on en comptait moins de 50 ! Tout ce petit monde coûte évidemment très cher. Le budget de l’Élysée est donc en constante augmentation, de 11.5 % cette année, ce qui fait dire au député René Dosière (Aisne) qu’il existe un gouffre entre les promesses d’économie et la réalité. « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais. » Ainsi arrive-t-on à un constat tout à fait étonnant, à savoir que les dépenses de la maison royale britannique reviennent à 0,83 euros pour chaque contribuable anglais, et en France à 2,88 euros pour chaque contribuable français, alors que, sans vouloir offenser quiconque, la monarchie britannique a une autre allure que notre république.

Mais revenons aux structures de notre mandarinat. Le chef de l’État a son gouvernement à lui, c’est-à-dire formé de conseillers chargés de chapeauter, surveiller et diriger chaque ministre du gouvernement officiel et visible, y compris le Premier d’entre eux, qui, lui-même, dispose d’une sorte de gouvernement bien à lui aussi, formé de conseillers qui surveillent et dirigent les ministres : c’est ce qu’on appelle le cabinet, dont la première mission est d’entretenir des relations convenables avec l’Élysée, car généralement le Premier ministre ne s’entend pas avec le Chef de l’État. Chaque ministre a également son cabinet, chaque cabinet pouvant compter jusqu’à 70 membres, chargés de surveiller et court-circuiter les directeurs des administrations. Si bien que l’on arrive avec un gouvernement de 38 membres à plus de 2 000 conseillers de cabinet, l’élite des 6 millions de fonctionnaires que compte la France, le tiers du total des salariés.

Les directeurs d’administration sont aussi de grands mandarins, mais, comme tous ces mandarins ne paraissent pas assez nombreux, le Pouvoir en recrute d’autres sans autre concours qu’un heureux concours de circonstances pour les chanceux qui fait qu’un ami du Président ou d’un ministre se retrouve au sommet de la hiérarchie mandarinale jusqu’à la fin de son existence, après avoir été intégré dans la fonction publique par le fait du prince !

Ceci dit, il est des mandarins qui travaillent, le Premier ministre d’abord. Outre le souci de ne pas irriter le chef de l’État, il doit tenir compte des parlementaires – 577 députés et 343 sénateurs, beaucoup plus qu’aux États-Unis –, qui doivent obéir, que la majorité soit de gauche ou de droite, et ils sont fort bien payés pour cela. Mais certains, néanmoins, peuvent parfois ruer dans les brancards et il s’impose de les rappeler à l’ordre. Il faut dire que leur grogne est vite apaisée. Les syndicats sont beaucoup plus gênants, bien qu’ils soient, eux aussi, et de multiples façons, largement subventionnés par le contribuable. Le plus important d’entre eux étant la CGT communiste, comme en 1936. Enfin, la presse, elle aussi subventionnée par le contribuable, peut cependant se laisser aller à quelques révélations déplaisantes, fondées ou non, et il faut bien en tenir compte. Les nombreux mandarins attachés de presse et « communicants » de toute nature sont là pour cela. À ces gêneurs parfaitement contre-productifs s’ajoute l’administration de l’Union Européenne de plus en plus envahissante qui alourdit encore la masse des textes officiels proprement français en vigueur : 9 000 lois, 140 000 décrets et 400 000 règlements. Il résulte de ce fatras indescriptible une sorte d’anarchie permanente, solennelle et péremptoire contre laquelle le simple citoyen ne peut rien.

Tous ces grands mandarins sont, bien sûr, inaccessibles. Ils constituent avec la direction des grandes entreprises une caste où l’on se coopte et où l’on s’attribue des privilèges aussi considérables que secrets, à droite comme à gauche.

Si tous ces décideurs mandarinaux obtenaient des résultats positifs, ils seraient tolérés, voire appréciés. Mais hélas ! leur bilan est celui que chacun peut désormais découvrir, consternant, inquiétant et parfois révoltant pour le bon peuple dont les revenus de six mois de l’année servent à entretenir par l’impôt ace très lourd mandarinat.

En Chine, au début du XXe siècle, les mandarins à l’unanimité croyaient que leur pays était le plus puissant du monde et se portait fort bien. Tout s’est effondré en 1912…

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Comments (13)

  • chevalier teutonique Répondre 4 novembre 2008 à 19 h 36 min
  • richa83 Répondre

    """"
    Ainsi arrive-t-on à un constat tout à fait étonnant, à savoir que les dépenses de la maison royale britannique reviennent à 0,83 euros pour chaque contribuable anglais, et en France à 2,88 euros pour chaque contribuable français, alors que, sans vouloir offenser quiconque, la monarchie britannique a une autre allure que notre république.
    """

    et pourtant que n’a t on entendu et lu sur cette famille royale qui prend l’argent du pauvre peuple anglais!!!

    morale : la poutre et la paille……

    4 novembre 2008 à 13 h 10 min
  • IOSA Répondre

    Si les européens achètaient moins les produits chinois et davantage la production européenne, la croissance de la Chine serait de combien ?

    Mais comme nos politiques aiment le fric, ils se contentent d’inventer des taxes pour nous et du coup la production locale n’est plus rentable, tandis que les produits chinois, bien moins chers même taxés rapportent encore davantage de fric à nos politiques.

    Voilà la réalité….Des français creusent la tombe d’autres français pour du fric.

    Loi du marché ou bêtise humaine ? Moi je dirai AVIDITE, quoique ???

    Demain dans les rues, les pauvres réclameront du riz au lieu du pain.

    3 novembre 2008 à 19 h 20 min
  • VITRUVE Répondre

    AVE

    Ozone

    bien d’accord avec vous sur cette formule lapidaire qui résume tout: "les "elites"de la France sont les plus apatrides de la Terre"

    En effet, depuis la fin de l"épisode De Gaulle, nul besoin d’en vérifier la réalité , il suffit de la constater dans la presse, le show-biz, les médias, par les "penseurs" qui occupent l’écran et les ondes, les choix de nos représentants aux institutions internationales etc… Tout pourrait se résumer dans le phrase d’Attali qui réclame de ses voeux un "gouvernement mondial"… Si ce n’était pas aussi dramatique, on croirait presque y reconnaître les aspirations délirantes des rédacteurs des "protocoles" *

    * ce qui soulève une interrogation, sinon une réflexion, soit dit en passant…

    VALETE

    3 novembre 2008 à 18 h 30 min
  • Anonyme Répondre

    notre  roi Sarko flanqué de sa cour  est la cariture même d’un égo surdimensionné. Cet homme petit de par la taille et par le comportement, dédaigneux de tout ce qui ne fleure pas bon le pognon, qui ne se mélange pas au petit peuple sinon avec l’insulte à la bouche, "ce pauvre type est fêlé du bocal", "pauvre con" et autres gentillesses dont il ne se prive pas, mais qui ne tolère aucun humour ou manquement à son égard, et qui grâce à sa position peut se permettre tout et n’importe quoi sans que l’on puisse lui en demander raison mais qui intente procès sur procès pour des broutilles "la poupée vaudou ex." nous sommes sans même nous en apercevoir dans une société totalitaire, qui nous impose chaque jour de nouvelles contraintes, lois, impôts, obligations, sans que personne ni trouve à redire, une société de moutons est née, incapable de penser par elle-même, ne pensant qu’à ses RTT, ses loisirs, trop occupée  à des inepties et qui laisse les politiques anéantir tous nos acquis, à une époque enviés du monde entier. Effectivement, après avoir été en haut de l’échelle mondiale, nous degringolons à une vitesse vertigineuse et sommes dans un déclin inéluctable, Cette société en danger est une mane pour les drogués du pouvoir qui saigneront le pays par des excès de toutes sortes. Notre président s’est trompé d’époque, nous devenons son empire et tout son entourage profite du luxe des dépenses somptuaires et inutiles, Versailles bientôt sera trop petit pour loger tout son petit monde, je ne sais pas ou il nous mène, mais certainement pas à une victoire, lui seul à réussi son challenge. Nous, nous sommes condamnés à subvenir à cette cour onéreuse au détriment des intérêts de notre pays. La France n’est pas prête à redresser la tête ni à sortir du marasme dans lequel elle se trouve. Que nos politiques commencent par réduire leurs effectifs et leurs propres dépense cela soulagerait beaucoup le pays endetté comme il ne l’a jamais été. Rappelons-nous de la crise de 1929 et ce qui en a découlé.. 

    3 novembre 2008 à 14 h 52 min
  • chevalier teutonique Répondre

    ILS SE TROMPENT.

    La Chine sous les 10% de croissance en 2009

    PEKIN (AFP) — La croissance chinoise sera en dessous des 10% en 2009 en raison de l’impact de la crise, estime l’économiste en chef de la Banque mondiale, le Chinois Lin Yifu, cité lundi par Les Nouvelles de Pékin.

    "Par rapport à la croissance passée à deux chiffres, il devrait y avoir une correction de deux à trois points de pourcentage, mais par rapport au reste du monde, c’est une croissance rapide", a déclaré M. Lin, interrogé dimanche en marge d’un colloque en Chine.

    Selon lui, l’"ordonnance" que le géant asiatique doit utiliser face à la crise financière est de "stimuler la demande intérieure". Les pays en développement vont inévitablement souffrir de la crise qui ralentit la demande en provenance des Etats-Unis et de l’Europe, a-t-il relevé. "Les exportations vont baisser brusquement, ils vont faire face à un manque de fonds d’investissements", a estimé l’économiste en chef de la Banque mondiale, cité par le quotidien.

    La Chine avait connu une croissance de son économie de 11,9% l’année dernière. Pékin a annoncé la semaine passée un ralentissement de sa croissance, en hausse de 9,0% au troisième trimestre, son plus bas niveau trimestriel en cinq ans.

    2 novembre 2008 à 22 h 27 min
  • Didier Dufau Répondre

    La vraie ressemblance est plutôt fiscale : l’histoire reconnait que le retard économique historique de la Chine est du au prélèvement par le pouvoir central de près de 50% de la richesse produite.  Si on s’en tient à la valeur ajoutée du secteur marchand en France, on en est à près de 80% !  Mais on ne va pas chinoiser sur les chiffres !

    http://www.e-toile.fr   Cercle des économistes e-toile

    2 novembre 2008 à 10 h 06 min
  • Anonyme Répondre

    Excellent article.  Komdab.

    OZONE : Judicieuse remarque.

    IOSA : Il est clair que nous avons de sérieuses névroses à la tête de l’Etat.

    Comment espérer que ce pays saigné à blanc aille mieux ?  Les vautours lui mangent le foie.

    Mais le vrai problème n’est pas ces constatations.  Elle se banalisent.  Le vrai problème est dans le fait que les Français laissent faire et acceptent tout.

    "Le monde est dangereux à vivre !  Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire."  Albert EINSTEIN

    1 novembre 2008 à 19 h 00 min
  • naudin Répondre

    Si on ajoute selon l’enquête de transparency international que la France est parmi les pays développés celui qui a l’élite politique et économique la   plus corrompue…

    1 novembre 2008 à 18 h 11 min
  • ozone Répondre

    ,les "elites"de la France sont les plus apatrides de la Terre,avec seulement des yeux de Chiméne pour le pognon façon Anglosaxonne,une des raisons pour laquelle nous sommes dans la mouisse,l’idée de Nation leur est inconnu.

    Tout le reste en découle

    1 novembre 2008 à 1 h 48 min
  • IOSA Répondre

    Excellent article…quoique un peu timide, mais c’est vrai qu’après la multiplication des procès d’intentions de notre empereur IZNOGOUD/SARKO ( ben oui, la place du calife c’est peu pour lui), il vaut mieux être prudent, sous peine d’avoir sa photo lardée d’épingles.

    Dommage que personne ne relève la névrose de notre zempata du moment ou tout du moins l’écrire dans un bel article sans aller à deriver sur la religion.

    Amicalement à tous.

    IOSA

    31 octobre 2008 à 20 h 37 min
  • nicolas bonnal Répondre

    cher ambassadeur, gustave le bon comptait déjà nos institutions à celles des chinois… qui nous auraient contaminé via les Jésuites ! Vous avez raison, vive la monarchie.

    31 octobre 2008 à 16 h 20 min
  • L' Inedit Répondre

    A la lumière de cet excellent article , il ne fait aucun doute que Sarkosy fait Furher ….

    31 octobre 2008 à 6 h 07 min

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