Une dévaluation est possible

Une dévaluation est possible

Yves Morin, un de nos lecteurs, s’oppose à la sortie de l’euro et au retour au franc pour dévaluer. Il pense donc que la parité fixée en 1999 et liant actuellement le franc à l’euro est bonne pour notre pays.
Je peux me tromper, bien évidemment, mais je pense que, mal informé, M. Morin se trompe.

En effet, depuis 1999 et l’euro, gouvernements et syndicats français unissent leurs efforts pour alourdir les prix de revient de nos entreprises. Et tous les ans, les coûts de production augmentent en France d’environ 3 % de plus que les coûts allemands. Il existe donc une « inflation » annuelle française supérieure de 3 % environ à l’inflation allemande.

Les Français chassent ainsi les consommateurs, car les droits de douane ont été supprimés. Depuis 1999, exportations et importations ont certes progressé. Mais, du fait de l’augmentation plus rapide des coûts français, les importations françaises croissent plus rapidement que les exportations. À qualité égale, les consommateurs français, préfèrent acheter des produits allemands moins coûteux. De ce fait, en 2004, la balance commerciale de la France a commencé à devenir négative. Et, depuis, le déficit s’aggrave régulièrement. Il bat chaque mois un nouveau record. Et, ce trimestre, pour la première fois depuis 1967, les exportations françaises ont chuté au lieu de progresser encore. Mais pratiquement personne ne parle de tous ces chiffres officiels.

Les Français chassent leurs entreprises qui ont de moins en moins de clients. Elles sont obligées soit de déposer leur bilan, soit de délocaliser une partie ou la totalité de leur production.

Les Français chassent les investisseurs, là où le capital investi est plus rentable, en Allemagne ou en Pologne. Or, l’investissement est le seul moteur de l’augmentation de notre pouvoir d’achat.

Les Français chassent enfin les capitaux et les sièges sociaux de leurs entreprises dans les « paradis fiscaux ». La Suisse, le Luxembourg ou le Liechtenstein les accueillent avec joie.

Enfin, les bons du trésor français, exposés à une dévaluation, trouvent de moins en moins d’acheteurs. Les possesseurs de capitaux leur préfèrent les bons allemands ou américains.

Contrairement à Yves Morin, je pense qu’inflation, fuite des entreprises ou fuite des capitaux font partie de notre vie depuis des années. Mon analyse repose sur des chiffres officiels que tout le monde peut vérifier, ce qui est long. Ou consulter très rapidement en ouvrant le blog de mon ami Jean Pierre Chevallier (jpchevallier.fr).

Quant aux « dévaluations en cascade », qui effraient M. Morin, le choix d’un « cours flottant » entre le franc et l’euro les rendrait totalement inutiles. C’est le choix fait depuis 10 ans entre l’euro et le franc suisse ou le dollar.

Enfin, le passage de l’euro au franc ne pose pas de problème technique. La France a en effet conservé sa Banque centrale, sa monnaie et ses coins, son Imprimerie nationale et sa planche à billets. On peut en 24 heures passer de la fabrication d’euros à la fabrication de francs. Mais il faudra changer toutes les étiquettes.

Le passage de l’euro au franc serait un véritable tsunami politique auquel l’opinion publique française n’est pas préparée. M. Morin a donc raison de dire qu’il est totalement irréaliste. Mais il nous semble possible de « dévaluer » sans sortir de l’euro. Imaginons qu’il existe en 2009 une augmentation de 2,28 % des coûts de production français alors que les coûts allemands sont stables. La création d’une taxe de 2,28 % sur tous les produits allemands importés en France rétablira la compétitivité des entreprises françaises. Les gouvernements européens peuvent parfaitement décider d’une telle taxe. Elle supprimerait totalement les effets du libre-échange associé à des comportements inflationnistes différents. Sans avoir besoin de sortir de l’euro… Elle aboutirait en pratique à modifier tous les ans la parité liant le franc à l’euro.

Nous ne pouvons pas continuer sans « dévaluer ». Car, quand le chômage dépasse 10 %, des troubles sociaux de plus en plus graves apparaissent toujours. Quand il dépasse chez nos jeunes 20 %, on tire à la kalachnikov sur les policiers. Que nous propose M. Morin ?

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Comments (16)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures

    Commencez à éliminer vos propres élucubrations et être sérieux vous-même. Jospin a bien été éliminé par le peuple souverain? Et sur un score minable? Je ne vois pas pourquoi vous ramenez toujours cet individu qui se classe maintenant parmi les pachydermes à empailler.
    La Stasi et al sont le bras armé du socialisme quand celui-ci a éliminé tous ses adversaires et n’arrive plus à convaincre autrement que par la force. <<Und bist Du nicht willig dann brauch’ ich Gewalt! / Erlenkönig de Goethe>> Cette doctrine ne fait pas dans la dentelle quand rien ne va plus pour elle!

    PS: si mes remarques font perdre du temps que dire des vôtres? Malgré toute l’application que vous vous donnez vous ne pourrez convertir que ceux qui le sont déjà. Nonobstant de votre incroyance cela s’appelle prêcher dans une chapelle. Le monde ne fonctionne plus d’après les principes que vous essayez de lui inculquer, de très mauvaises expériences ont déjà passé par là.

    30 mai 2009 à 14 h 01 min
  • UN chouka Répondre

    Pour faire trés brèf, et a mon niveau,je vois qu’il y a eu une grosse  inflation avec l’injèction de fric de bois en Europe et aux USA , si je ne me trompe pas trop?

    Il vat donc y avoir encore une bonne inflation induite par le chomage, si non, une pèrte des ventes,donc encore une infaltion qui vat se poursuivre des mois durant ?

    A ce train, si la dévalution ,ne se fait pas ,ce sera encore "les donnants" qui vont encore morfler ,ou les dettes qui ne vont pas fondre comme il devrait ,puisque les banques ne font que du fric de bois sur le dos des emprunteurs pour qui le fric vat devenir "de plus en plus chèr " meme a taux zéro?

    Ne vaut ‘il pas mieux comme disent cèrtains , mettre tout de suite les fausses monaies (avoirs pourris et fictifs )en faillite ?

    Bon, c’est vrais, je n’y connais rien ,mais pour "sauver "une minorité de magouilleurs, c’est une majorité qui vat se faire plumer, on dirait ?

    Voila que ces gens du fric s’arqueboutent sur leurs revenus isus de leurs  invèstissements fictifs  au lieux de morfler ,ils doivent donc vouloir une déflation a tout prix pour ne pas voir leurs faux fric fondre comme il devrait ?

    Ce n’est que l’avis d’un ignard hélas .

    30 mai 2009 à 9 h 42 min
  • Jaures Répondre

    Mais bien sur, Hans ! Chacun sait que Jospin en 1997 a instauré le Parti Unique et la dictature du prolétariat, créé une STASI, nationalisé tous les moyens de production et s’est inféodé à la Chine.

    Essayez d’être un peu sérieux, vous ferez gagner du temps à tout le monde.

    30 mai 2009 à 9 h 27 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures <<Ajoutons que l’Islande, naguère si hautaine vis à vis de l’Union, vient, avec beaucoup d’humilité, de demander sont intégration à l’Europe. Gageons que, dans l’état de faillite où ellle se trouve, elle eût aimé faire partie de la zone euro>>

    Leit-motiv habituel! Souvenez-vous de l’état délabré de la DDR, un état socialiste qui marchait d’après les règles collectivistes que vous nous bassinez de semaines en semaines. L’Allemagne y a investi environ 800 milliards d’euros pour remettre à flot le minimum et l’écurie est loin d’être nettoyée.
    Vous avez quand même un sacré culot de mentionner l’Allemagne après ce qu’elle a fait pour redresser les conséquences de vos théories socialistes frelatées. Balayez donc d’abord devant la porte socialiste qui est barbouillée de crasse avant de critiquer celles des autres…

    29 mai 2009 à 17 h 17 min
  • Jaures Répondre

    "Une mauvaise maitrise de la langue nationale apprise dans les écoles publiques de la République n’empêche pas la compréhension des problèmes économiques." La preuve que si. Ma comparaison était une démonstration par l’absurde que la monnaie n’a rien à voir dans les fluctuations économiques actuelles. Ainsi, cher Florin (je vous avais reconnu à votre style inimitable), les pays les plus touchés par la crise et dont l’endettement est tel qu’ils ont du mal à trouver preneur des leurs bons du Trésor sur le marché ne sont pas ceux qui ont les meilleurs systèmes sociaux (Suède, Norvège et même la France, malgré tout) mais les plus libéraux (Irlande, Angleterre). L’Allemagne, contrairement à ce qu’avance Tremeau a elle-même d’énormes difficultés à se financer.

    Ajoutons que l’Islande, naguère si hautaine vis à vis de l’Union, vient, avec beaucoup d’humilité, de demander sont intégration à l’Europe. Gageons que, dans l’état de faillite où ellle se trouve, elle eût aimé faire partie de la zone euro.

    29 mai 2009 à 12 h 55 min
  • ozone Répondre

    Giscard ne fut pas trés content le jour ou l’ECU devint l’EURO;;;

    Sa crainte etait qu’un retour aux monnaies nationales en fut facilité,il suffit d’afficher Euro-Franc,Euro-Mark,etc;

    Le lexique compte beaucoup dans ces cas,ensuite,on vire le prefix et le tour est joué,le marché se chargera des valeurs…

    28 mai 2009 à 21 h 07 min
  • JL Répondre

    Commentaire de JL, Florin. Suite à une erreur lors de l’enregistrement de mon post, j’ai à nouveau copier-collé mon post dans la fenêtre en oubliant de signer. Une mauvaise maitrise de la langue nationale apprise dans les écoles publiques de la République n’empêche pas la compréhension des problèmes économiques. En revanche, l’inverse n’est vrai comme le prouvent les cas De Villepin, Sartes et Jaures (celui du forum). Celà dit, je comprends qu’à défaut de pouvoir critiquer le fond, on critique la forme pour décrédibiliser l’auteur du message

    28 mai 2009 à 18 h 55 min
  • Cyrano34 Répondre

    Je suis assez d’accord avec R. Ed. Si tant d’entreprises françaises se délocalisent, ce n’est pas seulement pour trouver des employés moins gourmands en salaires, mais c’est aussi pour en trouver … de plus travailleurs ! Je renvoie à un article récent de François Dupuy dans Les Echos : “Le sous-travail, un fléau qui gangrène la société française” (20/05/09). Après avoir donné l’exemple d’une grande entreprise industrielle française où il a enquêté, et où le temps réel de travail moyen des ouvriers était de 4 h 20 sur un horaire payé de 7 h 38, il écrit : “Loin d’être cantonné, comme on le pensait, à l’administration publique, le sous-travail touche tout aussi bien les entreprises privées.” Ayant fait une carrière dans la fonction publique, j’ai pu constater la forte aptitude des fonctionnaires au “sous-travail”, anciennement appelé tire-au-flanquisme, phénomène qui à mon avis va en s’amplifiant avec le temps, un peu comme cela s’est passé en Union soviétique. Le livre “Bonjour paresse” suggérait qu’il en était de même dans les grandes entreprises publiques (EDF en l’occurrence). Je n’imaginais pas que le phénomène touchait aussi les grandes entreprises privées. Mais, à la réflexion, c’est logique puisque tout le monde, en France, aspire au statut de fonctionnaire, et que dans ces entreprises, les employés sont pratiquement propriétaires de leur emploi.

    28 mai 2009 à 17 h 29 min
  • Frédéric Bastiat Répondre

    Lorsque le nouveau franc est arrivé en 1960, la parité par rapport au Deutschmark (DM) allemand était proche de un pour un, alors qu’au 31 décembre 1998, lors du gel des parités par rapport à l’euro, il fallait 3,35 francs pour un DM. Cela revient à dire qu’en 38 ans, les gouvernements successifs n’ont cessé de brader le franc (mis à part peut être celui de Bérégovoy qui a un peu limité la casse) avec pour conséquence un pouvoir d’achat derechef inférieur de plus de trois fois en France par rapport à l’Allemagne. Contrairement à l’apprenti sorcier Trémeau, il y a dans la mémoire collective allemande le souvenir précis de l’hyperinflation des années 1920 et donc une opposition forte à une monnaie faible et ce pour notre plus grand bonheur. Le rognage de la monnaie est l’un des impôts les plus vils, digne héritage de l’Ancien Régime.

    PS : je vous en prie, épargnez-nous le poncif du chômage des banlieues comme cause de la délinquance. Ce n’est parce qu’ils sont chômeurs qu’ils sont délinquants, mais ils sont chômeurs car ils sont délinquants.

    28 mai 2009 à 17 h 14 min
  • Florin Répondre

    "combler les divergences" … Apprenez le français. Et, accessoirement, à signer vos commentaires.

    28 mai 2009 à 10 h 37 min
  • Anonyme Répondre

    Jaurès a dit: "Enfin, si l’on suit la logique du Dr Tremeau, pourquoi la Californie en faillite ne crée-t-elle pas un dollar local à 75% de la valeur du dollar national pour se relancer ?"

    Mauvais exemple: ca n’est pas du tout comparable puisque les USA disposent d’un budget fédéral beaucoup plus important que le budget européen, ce qui permet de combler les divergences entre les différents états. De plus, la désastreuse situation californienne n’est pas due à la même inflation par les coûts qui sévit en France et que dénonce le docteur Trémeau.
    Pourquoi les gens se sentent-ils toujours obligés d’avoir un avis sur tout, à fortiori lorsqu’ils ne comprennent rien à la problématique?

    28 mai 2009 à 2 h 17 min
  • IOSA Répondre

    J’avais oublié……la dévaluation a commencé pour les 4V, logique implacable d’une cause à effet !

    IOSA

    28 mai 2009 à 0 h 32 min
  • IOSA Répondre

    Ben voilà ce qu’est les 4V en vérité……sans Pierre il n’y a pas d’édifice qui tienne.

    IOSA

    28 mai 2009 à 0 h 29 min
  • Jaures Répondre

    Ah ! Trémeau et sa dévaluation ! Génial comme remède à la crise ! Imaginons que la France dévalue, comment réagiront l’Espagne, L’Irlande, l’Italie, la Grêce en bien pire situation ? Ils demanderont à faire de même. Quel est l’intérêt d’un euro flottant ? Autant revenir aux monnaies nationales et recommencer les guerres de dévaluations. Mais n’est-ce pas là au fond ce que souhaite Trémeau ?

    Enfin, si l’on suit la logique du Dr Tremeau, pourquoi la Californie en faillite ne crée-t-elle pas un dollar local à 75% de la valeur du dollar national pour se relancer ?

    27 mai 2009 à 13 h 06 min
  • R. Ed. Répondre

    Holà, holà, Monsieur Florin !!!

    Pour faire comme vous le dites des produits vendables il faut d’abord y être autorisé.

    Ce qui est loin d’être le cas en France. L’état s’accaparre largement plus de la moitié des maigres richesses encore produites dans le pays, ce qui ne l’empêche pas d’être virtuellement en faillite.

    C’est pire que le tonneau des Danaïdes, parce que ce tonneau, au moins, c’était une légende tandis que le trou sans fond des finances françaises est bien réel, lui.

    Je viens de lire qu’il y aurait des paradis fiscaux ? Y aurait-il par hazard des enfers fiscaux, ce qui me semblerait logique ?

    Le prix du transport est devenu quantité négligeable, ne reste plus que le prix de revient.

    Comment voulez-vous concurrancer  des esclaves travaillant 360 jours par an 12 heures par jour pour un euro avec des ouvriers toujours prompts à se mettre en grève travaillant officiellement 6 heures par jour, y compris les poses pipi, café, cigarette etc…, payés 50 fois plus ?

    A mettre des soldats aux frontières, ce qui en passant permettrait aussi de juguler l’immigration clandestine, tout en résorbant également une partie du chomdu.

    27 mai 2009 à 11 h 28 min
  • Florin Répondre

    Un seul mot : RIDICULE !!!

    Mais comment peut-on écrire des choses pareilles ? Instaurer une taxe douanière à l’intérieur de l’Europe, tout en laissant en l’état l’absence de taxes par rapport au reste du monde ???

    M. Trémeau fait semblant de ne pas comprendre : quand l’on est malade, ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on guérit … Ce n’est pas en manipulant la monnaie que l’on aura de la croissance.
    On peut tout au plus aggraver la maladie, par une inflation folle, digne des années ’20. Appauvrir encore plus ceux qui ne pourraient pas répercuter les hausses de prix : à savoir, les salariés, retraités, RMIstes.

    M. Trémeau, votre retraite à vous, on peut l’exprimer en roupies indiennes, vous ne serez pas plus riche pour autant.

    Faisons des produits "vendables", et ils se vendront. Faisons des chaussettes noires à 10 euros la paire, ou 65 francs, ou 40 zlotys, ou 3600 roubles, et l’on se les gardera en stock, mangées par les mites.

    ****************************************************************

    Cela a de moins en moins d’intérêt de venir ici. PL est parti, mais Trémeau est resté.

    27 mai 2009 à 2 h 22 min

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