Les patrons, la dette et Gribouille

Les patrons, la dette et Gribouille

D’entrée de jeu et pour couper court à toute ambiguïté, je dirai que le patron d’une entreprise menée à la faillite, obligée de licencier une partie de son personnel, et qui ne survit que grâce à l’aide de l’Etat, c’est-à-dire du contribuable, quittant l’entreprise avec des indemnités de plusieurs millions d’euros, c’est inadmissible ! Le problème est que la presse généralise à partir de quelques dizaines de cas, se gardant bien de dire que la France compte des milliers et des milliers de patrons qui gagnent moins de 2 000 euros par mois, travaillent 70 heures par semaine, avec la nuit pour penser à leurs responsabilités et à ce qui pourrait leur arriver.

Cette façon de présenter les choses, avec le plein accord des responsables de l’État au plus haut niveau qui, par démagogie, saisissent l’occasion pour crier avec les loups, est grave. Ce comportement ranime l’esprit de lutte des classes qui mine depuis longtemps la société française. Il encourage la confrontation et les violences. Depuis quelques temps, chaque jour ou presque, des chefs d’entreprise sont molestés, retenus en otages, insultés. Ces désordres, qui relèvent de la loi pénale, s’inscrivent dans une sorte de légalité sociale de gauche, en contradiction avec la légalité vraie, et engendrent peu à peu une psychose révolutionnaire anarchiste.

En l’espèce, la loi ne paraît plus s’appliquer aux coupables excités et protégés par les syndicats. Et on entend : « On veut bien libérer le patron après lui avoir cassé la figure, mais à la condition que les jours de grève soient payés… » Ces agissements ne font que s’ajouter aux violences quotidiennes que l’on connaît : 30 à 50 000 voitures incendiées par an, des professeurs poignardés presque chaque semaine, des établissements scolaires investis par des bandes armées. Le gouvernement n’est plus en mesure d’assurer l’ordre public. On vient de le constater aux Antilles, en Corse, à Strasbourg…

Ce qui n’est jamais dit non plus, c’est que le patron qui reçoit par exemple un million d’euros de bonus doit en reverser au moins la moitié au fisc. Ce qui n’est pas dit davantage, c’est que les larges indemnités éventuelles d’un patron résultent d’un contrat passé entre ledit patron et son entreprise au moment où il a été recruté. Si on se met à ne plus respecter les contrats, c’est la société qui s’écroule, car toute notre société, toute société humaine devrais-je dire, est fondée sur le contrat.

On observe aussi, dans le même ordre d’idées, que la démagogie à but de profits politiques personnels que mènent les plus hauts dirigeants de l’État, met de plus en plus en cause le droit de propriété pourtant inscrit dans la constitution. La décision du 12 mars de la ministre Christine Boutin, relative aux locataires, leur permettant, en fait, de ne pas payer leurs loyers, ne peut qu’engendrer des désordres et aggraver encore la crise de l’immobilier. Elle profitera d’abord aux immigrés, comme s’il n’y avait pas assez d’incitations à leur venue en France (cf l’article d’Alain Dumait dans le n° 683 du 20 mars : L’erreur tragique de Christine Boutin ).

Cette démagogie, qui est à l’origine de la crise actuelle parce qu’elle a encouragé dans le monde entier la distribution de crédits à tout va, a poussé l’État, en France en particulier, à donner le plus mauvais exemple en s’endettant lui-même jusqu’au cou : 1 327 milliards d’euros de dettes à ce jour, plus quelque 600 milliards de provisions pour les retraites, soit près de 2 000 milliards d’euros. Une dette qui non seulement n’est pas jugulée, mais qui va s’aggraver, puisque officiellement on prévoit que la dette française sera en 2012 à 88,1 % du PIB (aujourd’hui 68 %). Alors, pourquoi déplorer que tant de ménages s’endettent au-delà du raisonnable ?

Le déficit pour 2009 va doubler, pour atteindre 105 milliards d’euros. Qui va rembourser et quand ? Mystère. Ce qui n’empêche nullement d’élaborer des plans de relance à grands coups de milliards d’euros. Où les prend-on ? Quant à la Sécurité sociale (universelle), c’est le « lâchez tout » : 18 milliards d’euros de déficit cette année, le double de l’année dernière. Prions les dieux que les Arabes, les Chinois et peut-être les paradis fiscaux (!)continuent de prêter à la cigale. J’observerai au passage qu’il est de bon ton de partir en guerre, non seulement contre les patrons, les mauvais et les bons qui sont les plus nombreux, mais aussi contre les paradis fiscaux que je viens d’évoquer. Mais on se garde bien d’expliquer que ces paradis n’existeraient pas si la fiscalité, notamment pour ce qui est de la France – enfer fiscal –, avait été raisonnable. Y avaitil des paradis fiscaux avant la deuxième guerre mondiale ?

Si l’ISF n’avait pas été créé en 1981 à l’exigence du parti communiste et alourdi par des démagogues de droite, quelque 100 milliards d’euros seraient restés en France. L’impôt excessif est également la cause majeure du déficit commercial de la France. Les impôts multiformes et les tonnes de paperasseries administratives finissent par se répercuter sur les prix jugés trop élevés et, chaque jour, on perd des parts de marché.

Tout cela a créé une psychose démotivante, si bien que chaque année, 8 600 Français prennent le chemin de la Belgique, 6 300 celui de la Suisse, d’autres ceux de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Chaque année, les pertes cumulées pour la France dues à l’impôt sur le revenu et celles dues à l’ISF sont chiffrées à 27 milliards d’euros de recettes fiscales non recouvrées. Bref, c’est Gribouille qui gouverne la France.

Je ne parlerai pas de la fuite des cerveaux. 3 000 chercheurs français de valeur se sont fixés aux États-Unis. On sait que la France exporte ses bac+5 et importe les bac-5. Mieux, elle les fabrique à raison de 300 000 quasi-illettrés par an, produits par notre très chère Éducation nationale, dans des communes où l’on trouve jusqu’à 150 nationalités étrangères. Magnifique diversité !

La conclusion est simple. Tous ces facteurs indéniables, s’ils ne sont pas supprimés conduiront à terme à la disparition de la France. Avec un peu de chance, il nous restera les musées.

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Comments (7)

  • HansImSchnoggeloch Répondre

    Réponse à Iosa.

    Je n’ai pas de panneaux solaires sur le toit de la maison et n’ai pas l’intention d’en mettre, j’utilise un chauffage au bois classique. Les chiffres que vous avancez pour le rachat du kW/h par EDF me paraissent exagérés, mais je n’ai pas le temps d’aller vérifier sur Internet. Demandez donc à votre pote Jaures d’aller voir, lui qui connait si bien l’ Internet en long et en large.
    D’autre part je voudrai attirer votre attention sur un fait que vous ne connaissez peut-être pas. Consultez donc votre facture EDF, au verso *), sous la rubrique "contribution au service public d’électricté" et vous verrez comment se sucre le CE de cet entreprise.
    C’est un peu comme si votre boulanger vous exigeait encore un écot supplémentaire pour la bonne marche de son magasin.

    *) voudrait-on cacher quelque chose au consommateur lambda en mettant cela au dos de la facture?

    28 avril 2009 à 8 h 36 min
  • IOSA Répondre

    Hans@…….

    J’ai une question pour vous !

    L’EDF vous rachète votre excédent d’électricté 7 fois le prix de vente qu’eux même ont fixé aux particuliers ( il est sous entendu que vous produisez votre électricté au moyen de panneaux solaires)

    Sachant qu’il est interdit de vendre soi même aux particuliers, l’électricté que nous produisons, because monopole edf .

    Quel est le prix de revient réel d’un KW d’électricté à la centrale EDF et combien de coui…..ons se font avoir ?

    28 avril 2009 à 2 h 03 min
  • HansImSchnoggeloch Répondre

    Iosa <<Mais ce qui ne l’est pas du tout, c’est l’aide publique pour certains et essentiellement les plus gros boss, qui en bénéficient au détriment des plus petits qui en ont réellement besoin.>>

    Si l’état leur fichait la paix les entreprises petites ou grandes seraient en meilleure forme. Aucune entreprise privée ne veut de l’aide de l’état, sauf les mammouths publics, par exemple la SNCF.
    A quoi cela rhyme-t’il de redonner avec deux doigts ce qu’on a pris avec les deux mains?

    26 avril 2009 à 14 h 34 min
  • IOSA Répondre

    Avec un tel sujet, cet article ne peut que différencier davantage la grande frontière qui sépare les petits patrons …..des gros boss.

    Je ne connais aucun petit patron avec des parachutes dorés, mais ce qui est certain, c’est que tous ( petits et grands) font le maximum pour eux, ce qui évidemment normal.

    Mais ce qui ne l’est pas du tout, c’est l’aide publique pour certains et essentiellement les plus gros boss, qui en bénéficient au détriment des plus petits qui en ont réellement besoin.

    EX: L’heure d’été et l’heure d’hiver ne sert qu’aux plus gros boss et la facture nous la payons deux fois.

    1- Heure d’été et heure d’hiver,  avantage les grosses entreprises qui économisent sur l’éclairage et permet de permuter la consommation énergétique et la facture au consommateur lambda.

    2- Les aides de l’Etat aux grosses entreprises via nos impôts.

     

     

     

    25 avril 2009 à 11 h 33 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Lire absolument le message de Mr.Nonaka / Toyota aux grévistes français

    http://claudereichman.com/articles/messagenonaka.htm

    Il faut vraiment être bouché pour ne pas comprendre cela.

    24 avril 2009 à 18 h 06 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    L’article de Mr.C.Lambert a enfoncé le clou exactement là où cela vous touche. Bravo pour sa précision.
    Conseil à Jaures: changez la ROM du BIOS de votre système interne et optez pour une mémoire flash qui par nature est plus flexible et se laisse réécrire à volonté. Vous constaterez ensuite qu’il existe aussi une vie à côté du socialisme.

    22 avril 2009 à 14 h 20 min
  • Jaures Répondre

    Que répondre à un tel fatras où on mélange tout, sautant du coq à l’âne, donnant le même nom à des situations qui n’ont rien à voir et citant les problèmes de la France comme si elle seule y était confrontée.

    Rappelons quelques vérités. La France est, il est vrai, très endettée. Mais sa situation n’est pas pire que l’Espagne, la Grêce, l’Italie ou l’Irlande. Les Etats Unis et l’Angleterre ajoutent à leur endettement celui de leurs ménages bien plus considérable que celui des Français.

    Sur les 100 milliards (tiens ! un chiffre rond) qui se seraient enfuis pour échapper à l’ISF, c’est une plaisnterie. Les niches fiscales ont toujours permis aux grandes fortunes de limiter leur contribution. Le canard enchaîné a, à de maintes reprises, publié les feuilles d’impôts de grands patrons (souvenez-vous l’affaire Calvet), dont le montant aurait fait rêver un instit débutant !

    Sur les départs de Français à l’étranger, il y a également beaucoup de fantasme: 50% de ceux qui partent reviennent au bout de 6 mois. 90% sont rentrés après 5 années. Par ailleurs, de nombreux étrangers de pays développés vivent en France: 100 000 Américains, 200 000 britanniques, 50 000 Canadiens, …Le vrai problème est sur les chercheurs dont la situation en France est réellement mauvaise et ce n’est pas le mépris affiché à leur égard par Sarkozy qui améliorera la situation.

    Sur les crédits, la situation des Français est plutôt meilleure qu’en Angleterre ou aux USA, grâce à un meilleur encadrement de leur délivrance. A ce titre, on peut se réjouir que la crise ait conduit Sarkozy à renoncer à son projet de crédit hypothécaire. Nous l’avons échappé belle ! En fait, les actionnaires et dirigeants ont voulu pendant des années remplacer les salaires par des crédits. Ils ont utilisé leurs fonds à des fin spéculatives créant une croissance virtuelle dont la bulle éclate aujourd’hui.

    Enfin, ce ne sont pas les syndicats qui "excitent les salariés". Bien au contraire, s’ils n’étaient pas là, les violences seraient bien pires. (F.Fillon l’a lui-même reconnu). Mais, malheureusement, les patrons jouent avec le feu en promettant sans tenir et en négociant avec parcimonie. Certains syndicalistes se retrouvent ainsi en difficulté, ayant calmé leurs troupes et revenant sans acquis. Si cette attitude perdure, les violences risquent malheureusement de s’aggraver.

    22 avril 2009 à 11 h 22 min

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